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Des yeux de quartz et d’obsidienne

Enfin de retour de la fabuleuse Egypte où se déroulait Wikimania 2008. Ce qui restera mon souvenir le plus fort ? Les femmes égyptiennes.

Enfin de retour de la fabuleuse Egypte où se déroulait Wikimania 2008. Ce qui restera mon souvenir le plus fort ? Les femmes égyptiennes.

Après plus d’une semaine passée en Egypte, je ramène dans mon panier beaucoup de souvenirs. Et de surprises. D’une façon générale, je m’attendais à un pays moins développé sur le plan économique. Certes, je n’ai visité que l’axe Caire-Alexandrie, qui donne probablement une vue déformée du reste du pays et en particulier des zones plus agricoles. Mais ces deux villes, l’une tantaculaire et écrasée sous la chaleur, l’autre portuaire et touristique, sont fort éloignées de ce que l’on peut voir dans d’autres pays d’afrique du nord.

Une des images qui me restera à l’esprit est celle de cet homme, conduisant une petite moto, à 70 km heure peut être, sur une route à plusieurs voies. Derrière lui, sa femme, complètement voilée et portant une robe, assise de coté et tenant son mari par un bras autour de la taille. De l’autre bras, elle tenait sur ses genoux un enfant d’environ 2 ans, habillé d’un simple tee-shirt et short, et qui semblait dormir. Autour, la circulation vrombissante, la chaleur écrasante, la poussière, et l’air pollué du Caire. Une absence quasi totale de feux de circulation, et une signalétique invisible aux yeux des conducteurs. Sans même parler de casque de protection (concept apparemment inconnu), ou de ceintures de sécurité (que l’on fait semblant de mettre quand on croise un policier), pourrait-on imaginer un enfant être transporté de cette façon en Europe ? Circuler en voiture en Egypte est une expérience à vivre… ainsi que traverser une route à pied… Je me demande vaguement quel pourcentage de la population décède dans des accidents de la circulation.

Un autre souvenir restera la bibliothèque d’Alexandrie. Pour tous ceux qui voient encore dans les bibliothèques des lieux poussiéreux dédiés à héberger des bouquins, il faut absolument passer la visiter et demander à voir ses merveilles. L’architecture est impressionnante, il existe une partie musée très sympathique, une copie des internet archives est hébergée, le projet de numérisation des livres en langue arabe, la machine à dupliquer les livres (Espresso Book machine), le culturama, la salle de représentation 3D, et j’en passe… il y a de quoi attraper le tournis. Hmmm, si Clermont Fd pouvait seulement faire le 10ième de ce que fait la bibalex…

J’ai pu passer voir les pyramides de Giza et visiter le passionnant musée égyptien. Splendide. Il faut regretter néanmoins le caractère très (trop) insistant des marchants de parchemins, de parfums, de tour en chameau etc… c’est vraiment pénible…

Ce qui m’a cependant probablement le plus frappée sont les femmes. Déjà, elles sont visibles. Cela semble tout bête, mais en Algérie, elles ne sont pas aussi visibles… J’ai vu des femmes partout. Ensuite, la très grande majorité sont voilées (hijab), beaucoup plus qu’au Maroc. J’en ai parlé avec un égyptien qui m’a expliqué que c’était uniquement pour des raisons religieuses. Sauf que le pays n’abrite pas uniquement des musulmanes… les coptes doivent elles aussi être voilées par défaut ? Si c’est le cas – par simple pression sociale – le port du voile n’est plus une affaire religieuse ou la liberté religieuse n’est plus vraiment respectée. Une petite minorité de femmes porte un voile plus complet (niqab) généralement accompagné de vêtements sombres et non révélateurs des formes. Mais pour la majorité d’entre elles, les vêtements sont clairement un bon support de coquetterie. Elles portent beaucoup de sorte de sous pulls moulants (en nylon, quelle horreur avec cette chaleur !), recouvert par des tuniques colorées. Les voiles sont souvent brodés, colorés… très jolis ! Et beaucoup sont maquillées très habilement. Les bijoux complètent la tenue. En fait, la plupart d’entre elles sont vraiment très belles et infiniment plus féminines que les européennes ou américaines, boudinées dans leur jean. Le Nigéria m’avait d’ailleurs donné la même impression. Nous sommes allés trop loin dans la confusion des deux genres, sous couvert d’égalité.

En parlant d’égalité, je ne peux m’empêcher d’avoir du mal à réconcilier certains faits. On m’a affirmé que la pénétration d’internet en Egypte était d’environ 13%, ce qui me semble un chiffre bien élevé… Egalement entendu, l’université accueillerait autant de filles que de garçons. Bon… mais selon Wikipedia (doit on lui faire confiance ?), le taux d’illétrisme chez les femmes est de 60%. Visiblement, la tenue de Wikimania en Egypte a eu un effet en terme de popularisation de nos projets. Selon les participants, les articles parus dans la presse à l’occasion de Wikimania étaient les premiers du genre. Comment les participants égyptiens ont ils reçu vent de l’évènement ? Je ne suis pas certaine, mais ce qui était évident était une participation mixte, sans dominance particulière, ni des garçons, ni des filles.

J’ai été en fait étonnée du nombre de femmes qui sont venues me voir pour en savoir plus sur les projets. J’espère avoir réussi à les convaincre de venir apporter la touche féminine qui manque probablement à la wikipédia en arabe. Certaines sont revenues me voir le jour suivant, en me signalant avoir ouvert un compte la veille au soir (j’étais verte de jalousie, elles avaient accès à internet, alors que mon hotel était incapable de fournir ce service). D’autres sont venues me parler de projets qu’elles voulaient démarrer, une association, une visite dans un musée, des présentations dans les écoles etc…. un fourmillement d’idées, d’énergie, de bonne volonté, de motivation. L’une d’entre elles, une femme d’environ 50 ans, professeur d’art dans une université du Caire est même venue avec un document présentant ce qu’elle avait l’intention de faire pour légender des tapisseries anciennes de son pays. Des journalistes femmes avaient aussi la ferme intention de parler de Wikipedia et de l’amour de l’échange, du partage. Et j’imagine qu’elles sont venues à moi car plus confortables à cette idée qu’à l’idée de parler à Michaël, notre nouveau président, américain et homme.

Elles étaient tellement belles ces femmes. Leurs yeux sombres brillaient d’excitation, un large sourire fendait leur visage, et leurs mots se bousculaient « et moi, moi aussi, je peux ? wikiwiki, c’est génial. Et moi aussi je peux ? »

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