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La CAF et les bons de vacances

Je n'ignore pas qu'il s'agisse d'un cri dans le vide, mais je ne peux m'empêcher de crier ma perplexité.

Fin 2005, j'étais une gentille salariée bien comme il faut. Je touchais mon salaire mensuel, pas très gras, mais couvrant sans problèmes les besoins de ma famille. Et nous payions, tranquillement, nos cotisations sociales. Courant 2005, nous décidons de faire notre troisième gamin. Et dans la foulée, la société dans laquelle je travaille dépose le bilan. La totalité du personnel est licencié, dont moi bien sûr, à 7 mois et demi de grossesse, 15 jours avant de commencer mon congé maternité.

Je n’ignore pas qu’il s’agisse d’un cri dans le vide, mais je ne peux m’empêcher de crier ma perplexité.

Fin 2005, j’étais une gentille salariée bien comme il faut. Je touchais mon salaire mensuel, pas très gras, mais couvrant sans problèmes les besoins de ma famille. Et nous payions, tranquillement, nos cotisations sociales. Courant 2005, nous décidons de faire notre troisième gamin. Et dans la foulée, la société dans laquelle je travaille dépose le bilan. La totalité du personnel est licencié, dont moi bien sûr, à 7 mois et demi de grossesse, 15 jours avant de commencer mon congé maternité.

Je passe rapidement sur les péripéties amusantes, du style la tentative de pression qui me fut appliquée lorsque le liquidateur judiciaire m’a indiqué que je ne toucherais pas les trois mois de préavis au contraire de tous mes autres collègues

  • comment ça je ne toucherais pas mes trois mois de préavis ?
  • oui, car vous êtes enceinte
  • et alors ?
  • alors, vous touchez déjà vos congés maternité, vous ne voudriez pas toucher deux « salaires » en même temps tout de même ? le congé maternité ET les trois mois de préavis
  • mais, quelle différence avec mes collègues ayant déjà trouvé un emploi et touchant un salaire ? Ils touchent bien ET le salaire ET le préavis
  • ce n’est pas pareil
  • comment ça pas pareil ?!?!?!?!?

J’étais déjà en train d’attraper mon téléphone pour appeler la presse pour leur expliquer comment une femme licenciée en cours de grossesse bénéficiait d’avantages moindres qu’un célibataire sans utérus garni, quand la secrétaire m’a annoncé que finalement…euh… je toucherais mes trois mois. Merci bien.

Après mon congé maternité, j’ai souhaité me mettre en congé parental d’éducation (ACTIPAJE). Un bien grand mot pour dire « maman au foyer » (il pourrait bien s’agir de papa au foyer, mais le fait est que… généralement, c’est maman). Il faut quand même savoir que le montant du congé parental d’éducation est grassement de 359 euros mensuel. Certes, non imposables, mais à ce tarif, peu de gens sont imposables… Las, 2006 fut de toutes façons une année assez « généreuse », grâce à 6 mois de congés maternité, 4 mois de salaires impayés de 2005 touchés en 2006, préavis de 3 mois, prime de licenciement etc… Pas une année « riche », mais une année suffisante pour nous rendre imposables avec un montant mensuel à payer aux impôts assez significatif.

Arrive fin 2006. Les vaches sont plus maigres. En dépit qu’il s’agisse d’individus généralement bac +8, il faut bien avouer, le salaire d’un maitre de conférence est quand même pas très élevé. D’ailleurs, une rumeur court qu’il fut question il y a un an ou deux de revaloriser les montants de bourse d’allocataires de thèse; une somme fut proposée; pour être précipitament annulée lorsqu’il apparu que le montant de bourse jugé « décent » pour un thésard était supérieur au salaire débutant d’un maitre de conf. Le thésard devenant mieux payé que son « tuteur », la situation était un peu génante. Bref, un salaire de maître de conf plus 350 euros d’allocations « maman à la maison », pour 3 gamins, c’est pas trop le bonheur.

Mais que ne ferait on pas pour rester un p’tit moment avec ses bouts de chou à la maison, hein ?

Dans le même temps, j’ai commencé à beaucoup me déplacer pour diverses raisons (conseils d’administration, conférences, etc…) et j’ai du embaucher une nourrice pour s’occuper de mon petit dernier. Mais quand on ne travaille pas, l’aide de la CAF pour l’embauche d’une nourrice agréée n’est pas accordée, et il devient nécessaire de prendre en charge personnellement les charges patronales. Une horreur . Car le montant mensuel des frais de garde a alors dépassé le montant mensuel de l’aide « maman à la maison ». J’ai jeté l’éponge et sans l’aide de la Foundation Wikimedia, je n’aurais pas pu continuer mon activité bénévole.

J’ai souvent lu qu’une des questions « clé » posée aux z’om politiques pour tester leur « connaissance du pouvoir d’achat » des français était le prix de la baguette. Mouais. C’est un peu « plat ». J’ai développé mon échelle personnelle.

  • Salaire de « maman à la maison »: 350 euros par mois
  • Salaire horaire approximatif d’une nounou agréée par enfant: 2,50 euros de l’heure (1/3 smic)
  • Charges patronales pour l’emploi d’une nourrice: 72% du salaire
  • Frais de garde approximatif de mes trois enfants pour une journée d’absence en période de vacances scolaires: 100 euros
  • Coût du Paris Clermont en famille nombreuse 3 enfants: 67 euros
  • Coût d’un café dans le train Clermont-Paris: 2,60 euros
  • Coût d’un hotel ** à côté de la Gare de Lyon: 70 euros

J’essaye de mettre en parallèle le salaire horaire d’une nounou avec le prix d’un café et je ne peux m’empêcher de ne pas comprendre. Est-il tout à fait normal de payer un autre humain, par heure… le même prix qu’un café tiédasse, et souvent poussiereux, distribué dans une tasse plastique.

J’essaye aussi de mettre en parallèle le « coût d’une journée à Paris » (train, parking, nounou, metro) pour aller rencontrer un z’hom politique, avec le « salaire de maman à la maison » (et peut être avec le prix de la paire de chaussures du-dit politique). Et ça ne colle pas bien…

J’ai rejeté l’éponge (après tout, faut pas être vicieuse, si le congé parental ne permet pas de vivre, ben, faut bosser) et… je me suis inscrite au chomage. Objectif: monter une boite de consulting, pour faire bénéficier entreprises ou collectivités de l’expertise acquise au cours des dernières années. J’ai plutôt de la chance, je suis (encore) jeune, diplomée, avec expérience, dans un secteur porteur etc… pas de raison de stresser (seuls points négatifs, trois gamins et habitant en province). Bénéfices immédiat sur mon pouvoir d’achat: les allocations chomages (nettement plus avantageuses que le congé parental) ET le versement de l’aide CAF pour la garde d’enfant ET la prise en charge par la CAF des fameuses cotisations patronales. Démonstration immédiate du principe: mieux vaut chercher un emploi qu’éduquer ses gamins.

Et puis hier après-midi, j’ai été inscrire mes deux ainés pour une semaine de colonie de vacances (organisée par la mairie de clermont). Coût total non clermontois par enfant: 270 euros. 540 euros tout mouillé pour deux. Cash. Fichtre. Bon, de toutes façons, il faut bien trouver une solution pour les 10 jours d’absence pour aller à Wikimania. Pas le choix.

Et puis le soir, délai oblige, je finis ma déclaration d’impôts 2007. Comme prévisible, l’année 2007 est maigre. Nous ne payons plus d’impôts. Tiens… mon visage s’éclaire et je me dis « ahhhh, mais… nous allons toucher plus d’aide de la CAF alors… Peut-être des bons vacances ? « . Et pleine d’espoir, j’appelle la CAF.

Las… la CAF me rappelle que nous sommes en année de transition. Et que par conséquent, l’année 2008 complète (de même que l’année 2007) se calera sur les revenus 2006. Et la gentille dame au téléphone m’informe que mes revenus sont « très largement » au dessus des critères d’attribution des aides et qu’il ne faut pas trop attendre de l’aide de la part de la CAF.

  • oui, mais… notre situation 2006 est très différente de la situation 2007. En 2007… notre quotient familial est infiniment plus faible !
  • dommage pour vous
  • oui, mais, euh… normalement, vous nous demandez toujours de vous informer de tout changement de situation
  • plus maintenant. Nous nous baserons uniquement sur l’année 2006. Pendant cette année de transition, certains seront « avantagés » et d’autres « désavantagés ». Vous serez en effet désavantagés. C’est vraiment dommage pour vous. Mais il faut penser au bien être de la Nation Madame.

Ah oui, la Nation… j’avais failli oublier la Nation…

Allez, hauts les coeurs ! les banquiers sont plus à plaindre que nous !

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