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Google After Hours

Davos est un véritable marathon; journées continues de 8 heures à minuit passé, tous les soirs. J’ai vécu des moments fabuleux, hyper intéressants, et puis quelques-uns d’un ennui profond ou de frustration. Mes préférences vont sans le moindre doute aux sessions privées prévues pour les tech pio, qui sont d’une grande richesse et interactivité.

Ce soir se tenait la Google Party. J’en ai entendu parler toute la semaine, comme évènement exceptionnel, très attendu, avec gueule de bois garantie le lendemain etc…
J’ai donc décidé de m’y rendre… la party avait lieu au Belvédère, hotel de luxe situé à côté du centre des congrès. Après avoir dépassé les limousines, puis passé les contrôles de sécurité (y compris le tunnel de détection), fait la queue pour poser mon manteau au vestiaire, je me retrouve dans un grand couloir feutré, entourée d’un mix de gens habillé business relax, et de black tie.
Au bout du couloir, une porte, donnant sur une relativement petite pièce, bourrée de monde. Visiblement, quelqu’un fait un discours, à priori un des fondateurs de Google. Je ne résiste pas, je me glisse dans la pièce. En respirant bien profondément et lentement, pour contrer les effets de la claustrophobie. Il fait chaud, très chaud, les gens sont collés les uns aux autres. La femme devant moi est en robe longue…rouge… peu habillée, la chanceuse.
Le speaker continue. Je comprend mal son discours, je présume qu’il fait usage de références culturelles, car les gens rient un peu autour de moi, alors que le côté amusant m’échappe complètement. Le micro passe à un autre… l’autre fondateur ? Ils plaisantent sur Blair. On encense la gamme RED. Le micro circule encore. Je perçois quelques têtes. Ah, c’est Bono qui parle à présent (« je ne suis pas dans le hardware, ni dans le software, mais chez Victoria Secret » (l’underwear). Okay, ça doit être drôle. Pendant une petite demi-heure se déversent vagues commentaires peut être amusants (?) et discours sucré (genre « faut sauver les africains »), et platitudes capitalistes. Je m’ennuie ferme. Le discours finit, la plupart applaudissent. Je ne comprend pas pourquoi. Etait-ce drôle ? Ou est-ce leur richesse et leur puissance qui les rendent admirables ? Je ne peux m’empêcher de penser au discours de Ms Rice, à la présentation de Mr Gate, et maintenant à celle de Bono. En commun, un merveilleux étalage de tout ce que je déteste dans l’Amérique. La suffisance, le pouvoir du fric, l’idéalisme, le côté « je suis riche donc j’ai le devoir de sauver le monde ». J’ai entendu tellement de compliments ces derniers temps, sur ces gens riches qui choisissent de sauver le monde. Et je me dis que les wikipediens sont peut être en train de sauver le monde. Est-ce moins précieux car ils n’y mettent pas leur fortune, seulement leur temps et leur bonne volonté ?

Bon, à droite, à 5 mètres, la porte de sortie. A gauche, à 2 mètres, les drinks et petits fours, inaccessibles. Devant, à 3 mètres, les dieux vivants, inaccessibles aussi. Mince…

Soudain, l’accablement me saisit. L’idéalisme dégoulinant de nos amis d’Amérique me prend à la gorge. Je suis prise d’un accès grave de claustro, je nage vers la sortie, j’écrase des pieds, sorry, sorry, excuse me, beg your pardon etc… Le couloir… enfin, je respire. Et je me met en veille. Qui m’entoure en fait ? je n’entend que des accents américains. Les autres participants à Davos doivent être ailleurs. Que font les fétards ? Ils boivent du champagne et parlent fort. Pourquoi le font-il ? C’est fun. La salle est toujours peuplée de sardines en boîtes, sauce champagne. Le brouhaha est inintelligible. Je reste un moment, observatrice. Je me rappelle des cocktails aux USA… les gens se réunissaient, prenaient un verre et puis bavardaient de tout et rien. Networking only. Il me semble avoir quitté la Suisse, téléportée dans la Silicon Valley.

J’ai attendu un peu, au cas où Houdini apparaîtrait soudainement, pour donner un peu plus de corps à cette fête jugée « real cool ». La salle reste bondée, mais le couloir se vide peu à peu. Je retourne du côté des vestiaires. Des gens arrivent au compte goutte. Et puis beaucoup repartent. Le clou de la soirée est-il les borgorygmes de 3-4 personnes dans une salle surchauffée et sous dimensionnée ? Il doit être minuit et demi.

Non, en fait, la fête continue avec un célèbre DJ. Danse à gogo, avec des étrangers blancs, riches et célèbres. A tout prendre, j’aime autant une fête avec des potes. Petit à petit, la moyenne d’age chute, les badges bleus remplacent les badges blancs (les bleus sont les staffs, les blancs avec liseré bleu sont les membres, les tout-blancs sont les épouses – ou époux, mais c’est bien rare…).

Je récupère mon manteau, et retourne à l’hotel à pied. Il fait beau depuis 4 jours. La lune décroît doucement. La session de demain est à 8h.

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