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Fiabilité de Wikipédia : critères de validation des ressources Internet

J’ai suivi avec intérêt la correspondance de Mr Milan et de Mme Panijel, portant sur la fiabilité des informations contenues dans Wikipédia, la reconnaissance du projet par la communauté scientifique ainsi que sa recommandation auprès des élèves par le corps enseignant. D’une façon générale, je souscris aux réponses apportées par Mr Milan, ainsi qu’à sa description des principes fondateurs et fonctionnement du projet. Je recommande à ce sujet, l’article de Mr Caraco dans le Bulletin des Bibliothèques de France (l’inscription est gratuite). Concernant la fiabilité de ce qui peut être consulté actuellement sur Wikipédia, je souhaiterais rappeler que notre projet est encore très jeune, puisqu’au printemps 2002, l’encyclopédie comptait moins de 200 articles encyclopédiques, pour plus de 67 000 fin 2004. Nous progressons très vite certes, mais tout comme Rome ne s’est pas fait en 2 jours, Wikipedia a besoin de temps pour se construire et murir. Certains thèmes sont déjà couvert avec des articles dont la qualité est probablement unique sur le web (la tribologie, la grèce ancienne, l’astronomie, la linguistique etc…), alors que d’autres ne sont encore qu’à l’état de chrysalides (voire un stade de développement plus précoce encore…). Il faut donc être patient et certainement garder (ou acquérir…) un esprit critique. Ainsi que le mentionne Jean-Jacques, l’esprit critique est aussi indispensable pour l’usage d’autres ressources scientifiques (voir par exemple les erreurs relevées dans l’encyclopédie Britannica). Et la patience de même… car si les encyclopédies traditionnelles sont peut être plus avancées que la notre sur la description de la première guerre mondiale, je gage que peu d’encyclopédies sont capables de fournir des articles aussi informatif que le notre sur Mr Kerry…. Je crois nécessaire d’identifier deux volets à la notion de « fiabilité » et de « validation ». Le premier problème peut se produire face à une action de vandalisme : ajout de pipi-caca, ou falsification délibérée de date ou chiffre. Des systèmes de rétro-contrôle (modifications récentes, liste de suivi, historiques, liste de contributions…) garantissent une excellente réactivité face à ce genre de situation. La communauté dans son ensemble réagit au vandalisme avec promptitude et efficacité dans la majorité des cas. Il peut évidemment rester des traces de vandalisme après quelques heures, mais je les crois au fond très rares et surtout très rapidement corrigeables dès notification. J’imagine que la problématique de non fiabilité des infos due au vandalisme n’est pas vraiment ce qui peut le plus préoccuper la communauté scientifique. Le deuxième volet est beaucoup plus pertinent. Il s’agit de la crainte de non fiabilité d’information fournie par des non spécialistes, en toute bonne foi. Ainsi que cela a déjà été mentionné, nous considérons que si personne ne sait tout, tout le monde sait quelque chose et nous souhaitons reconnaître la capacité en chacun de nous à enseigner aux autres. Ces enseignements ne portent évidemment pas uniquement sur des sujets dits scientifiques. Nous souhaitons conserver un principe d’ouverture, qui autorise tout le monde à participer, y compris de façon anonyme, la multiplicité des participations garantissant une plus grande richesse de contenu et de perspectives. Et surtout, nous voulons conserver l’égalité entre éditeurs, sans donner plus de droits à l’un ou à l’autre, sous des prétextes tels que age, sexe, religion, éducation etc… Il y a plusieurs raisons à cela, dont une : la neutralité de point de vue. Le fait d’être professeur d’université ou professionnel ne garantie absolument pas la capacité à aborder certains sujets avec impartialité… Si nous « donnons » à un corps de métier plus de droit qu’à ceux qui ne font pas partie de ce corps de métier, nous pouvons gagner en pertinence, mais perdre en objectivité et en réalisme. Partant de là, comment garantir la plus grande fiabilité ET comment convaincre notre lecteur de cette fiabilité, tout en conservant participation ouverte et égalité entre éditeurs ? Car il existe bien DEUX problèmes : d’une part être fiables, d’autre part convaincre que nous sommes fiables. La majeure partie des éditeurs de Wikipédia peuvent avoir le sentiment que les articles auxquels ils participent sont fiables, et ce pour trois raisons : * ils s’estiment fiables eux-mêmes * ils connaissent les autres éditeurs participant à ces articles (parfois, ils connaissent leur niveau d’éducation et leur expertise professionnelle ; dans la plupart des cas, ils jugent sur le tas de la qualité des contributions)– et en fonction du respect qu’ils ont pour les connaissances des autres éditeurs, vont soit accueillir les ajouts, soit les corriger. * ils connaissent les principes d’édition basés sur la collaboration et la retouche mutuelle La plupart des lecteurs ne connaissent ni les éditeurs, ni les principes itératifs. Il semble que si nous entendons beaucoup de questions (entendez critiques) sur la fiabilité des contenus, la plupart du temps, ces critiques ne sont pas assortis d’exemples. Que l’on me comprenne bien ! Je suis convaincue que certains articles contiennent des inexactitudes, cependant, je pense que quelque soit la qualité de notre contenu, nous ne pourrons jamais éteindre les critiques liées à la fiabilité de notre process, tout simplement parce que le risque associé est inhérent. Donc, au mieux, voici ce que nous pouvons faire Pour augmenter le taux de fiabilité : * contacter des « experts » et les inviter à participer * inclure des ressources déjà connues et validées (par le biais de collaboration) * conserver nos meilleurs éditeurs et décourager les moins bons éléments * favoriser la mise en place d’équipes et de petit projets dont les participants seront très unis * stimuler la participation des enseignants eux-mêmes, peut être par le biais de projets éducatifs Pour améliorer le sentiment de fiabilité : * pousser les contributeurs à citer leurs sources et à fournir des références multiples et croisées (ce point me semble absolument essentiel) * inciter les contributeurs à fournir sur les pages personnelles leurs références professionnelles * peut être mettre en évidence une liste de contributeurs « connus » dans le monde réel (mais ceci risque de porter à controverse). Ce ne sont que quelques idées.

Claire Panijel : Pourquoi ne pas au moins mettre chaque rubrique sous la responsabilité nominale d’une personne dont le cadre de compétence serait fourni ? A défaut d’auteur, un éditeur intellectuel ?

Tout simplement parce qu’une personne unique ne peut prétendre connaître la totalité d’une rubrique, elle ne peut prétendre être parfaitement impartiale sur le sujet. Prenons un exemple d’un sujet auquel j’ai participé en langue anglaise : la loi sur le port du voile à l’école. Quelle personne pourrait prétendre être responsable d’une telle thématique ? Un politique écrivant la loi du fond de son bureau à Neuilly ? Un enseignant confronté au problème au quotidien ? Une jeune fille voilée ? Une militante féministe ? Un représentant religieux ? Un universitaire travaillant sur l’islamisme ? Un jeune des banlieux qui critique une jeune fille pour être sortie tête nue ? Un journaliste américain ? Je pense que toutes ces personnes sont à leur manière compétente sur un tel sujet. Mais chacun de leur domaine de compétence est différent, et tous sont nécessaires pour que l’article final soit fiable et significatif. Lequel nommer responsable ?

Claire Panijel : la page d’accueil du site wikipedia n’explicite nulle part les modalités de controle de l’information diffusées, question pourtant cruciale.

Bonne remarque. Cette piste semble intéressante à explorer. Ces informations existent, mais ne sont peut être pas suffisament claires.

Claire Panijel : Le contrôle par la collectivité est un outil démocratique, mais insuffisant en tant que tel pour valider un document. La validation doit pouvoir s’appuyer sur « des contributeurs qualifiés ». La qualification des contributeurs reste très mystérieuse…

Ce problème est essentiellement un problème de perception du lecteur. Quand nous travaillons ensemble, nous connaissons le plus généralement les autres participants et nous demandons spontanément validation par nos pairs quand nous reconnaissons nos limites. C’est aussi la raison pour laquelle nous travaillons beaucoup par projets, dans lesquels les participants sont clairement identifiés. Le côté « mystérieux » des participants pourrait être éclairci par plus d’information sur leur page utilisateur, mais ceci reste un choix purement personnel. C’est aussi un point important pour garantir l’absence de censure…

Claire Panijel : la page « administrateurs » reste floue sur les modalités de nomination ou cooptation des administrateurs et sur les critères d’appréciation de leurs compétences. La page « Prise de décision administrateurs » témoignent de ces difficultés mais ne semble fournir aucun élément pour les résoudre.

Claire Panijel : la liste des administrateurs ne donne que des pseudonymes dont les pagees personnelles fournissent des renseignements plus ou moins précis ou fantaisistes.

Claire Panijel : Une encyclopédie en ligne produite de manière coopérative par les internautes volontaires et souvent anonymes peut-elle se passer de ces instances intermédiaires en s’appuyant simplement sur les capacités d’autocontrôle de l’ensemble des visiteurs du site ? La question est plus complexe, puisqu’il semble exister une première instance de contrôle, celle des administrateurs, sans compter les « bureaucrates et musterwards » (?) . Mais le fonctionnement, la composition et les modalités de désignation de ces instances restent opaques

Les modalités de nominations des administrateurs sont indiquées assez clairement pourtant. Pour autant, cela n’a pas la moindre importance. Les administrateurs n’ont pas de pouvoir éditorial supérieur aux autres participants. Ils sont essentiellement des éditeurs en qui la communauté a suffisemment confiance pour accorder des droits de blocage des vandales ou de suppression des articles. Ils agissent pour la communauté, et n’ont donc besoin que de la confiance de la communauté. C’est une affaire de « cuisine interne » 🙂 Leur compétence dans un domaine particulier est donc non significatif. Les bureaucrates n’assurent aucune fonction de contrôle non plus : ils ont la capacité technique de donner un statut d’administrateur aux éditeurs, après accord de la communauté. Enfin, encore moins que tout autre, les stewards (dont je suis) n’ont pas le moindre rôle de contrôle éditorial. Une dizaine de personnes ont la capacité technique de changer les statuts de tout éditeur sur TOUS les projets (Wikipédia, Wiktionaries, Wikibooks, Wikinews, Wikisources, Wikicommons, Wikispecies, Wikiquotes, en toutes langues). Ils peuvent donner ou oter des statuts d’administrateur, de bureaucrates, de développeurs ou de systèmes automatiques. Il s’agit d’un rôle purement technique et les stewards ne sont que des personnes en qui la communauté fait confiance et délègue certaines taches « ménagères » 🙂

Claire Panijel : on ne sait rien des compétences des administrateurs, de leurs responsabilités particulières (par domaine ?), ni de l’organisation du groupe des administrateurs.

Quand un lecteur achète l’encyclopédie Larousse, il ne sait pas grand chose non plus de l’organisation de toute l’équipe de production…. Pourtant, vos remarques concernant les administrateurs font ressortir un point important : il est nécessaire de préciser d’avantage le rôle des administrateurs pour les personnes extérieures au projet.

Claire Panijel : On ne sait pas grand chose des moyens techniques de surveillance du flux d’information

Ces informations existent pourtant (il s’agit en majeure partie de ce que vous a expliqué Jean-Jacques, modifications récentes, liste de suivi, liste de contributions etc…). Vous avez probablement raison sur ce point, peut être cela nécessite t-il un bon nettoyage ? Reste à trouver un volontaire pour le faire…

Claire Panijel : Par ailleurs, Libération nous dit que le projet est né « au sein de la société Internet Bonis, spécialisée dans la vente de publicité et d’images érotiques sur le réseau. », ce qui laisse rêveur…

Je ne vois pas du tout le rapport. D’une part, ce n’est pas la société Bomis qui a lancé le projet, mais un de ses propriétaires, et c’est grâce en partie à l’argent généré par cette société qu’il a pu démarrer ce formidable projet. Produire un site web et diriger une équipe est un travail parfaitement respectable. Ce n’est pas non plus Jimbo Wales qui écrit des articles encyclopédiques, mais des milliers d’éditeurs de toute origine, tout age, tout sexe, toute religion. Par ailleurs, les sites web dédiés à l’érotisme sont parmi les plus évolués sur le web, toujours à la pointe de la technique 🙂 J’aime assez l’idée de l’érotisme finançant l’accès à la connaissance pour tous… cela ne manque pas de saveur…

Claire Panijel : Certes les encyclopédies commerciales rencontrent également le problème de l’évaluation des articles fournis, mais : – leurs utilisateurs se voient offrir la garantie d’un comité scientifique, de la validation par des spécialistes reconnus par des institutions scientifiques. – L’editeur se trouve aussi juridiquement responsable lorsqu’il diffuse des documents mensongers, illégaux ou portant atteint à la vie privée. – Il met en jeu sa réputation et ses intérêts économiques.

Je pense qu’au fur et à mesure de notre croissance, les participants sont de plus en plus fiers de participer à un tel projet, et librement, feront connaître leur expertise « publique ». Il n’y aura pas de comité scientifique, mais il est probable qu’un système de validation sera mis en place. Il existe déjà partiellement sur la wikipédia en allemand. A noter, l’éditeur est également juridiquement responsable sur Wikipédia (je reconnais qu’il est plus difficile de le contacter…), mais surtout, en cas de diffusion de documents mensonger, illégaux, portant atteinte à la vie privée, violation de copyright, la communauté réagit et élimine ses documents. Cette situation s’est déjà produite à plusieurs reprises sur tous nos projets. En général, nous corrigeons le plus rapidemment possible et nous essayons de rester discrets. Dans tous les cas, je vous garantie que c’est un problème auquel nous attachons énormément d’importance. Ne pas en tenir compte signifierait pour nous une considérable perte de confiance de la part de nos lecteurs, de nos éditeurs et des personnes dont les dons permettent au projet de fonctionner. J’espère avoir éclairci certains points. Il est acquis que notre plus gros « challenge » est d’amener certaines communautés, dont la communauté scientifique, à faire confiance en notre contenu. Cette discussion est donc extrèmement intéressante et j’espère sera fructueuse. Anthere

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